Le télétravail est devenu un vrai sujet dans le secteur tertiaire. Selon une étude réalisée par Parella Esquisse en 2018, cette pratique concerne plus de la moitié des employeurs français. Comment expliquer une telle adhésion à ce mode de travail alors qu’une majorité d’entreprises se montraient jusque-là réticentes à sa mise en place ?

 

État du télétravail en France

L’étude Parella Esquisse constate que 59% des entreprises françaises ont mis en place le télétravail en 2018. Quelles que soient l’ampleur et la périodicité choisies (49% des entreprises l’appliquent à l’ensemble de leurs métiers et 65% au rythme d’un jour par semaine), près d’un quart des actifs du tertiaire aurait désormais adopté cette pratique. Un peu moins de la moitié d’entre-eux télétravaillent en home office, c’est-à-dire à domicile, alors que 22% des missions sont effectuées dans des espaces dédiés au nomadisme, comme le coworking.

La mise en place du télétravail se fait en général sous l’impulsion des managers, à qui plus de 80% des modalités de mise en œuvre sont laissées à l’entière appréciation. Le télétravail est ainsi devenu une pratique qui permet d’optimiser la gestion du temps des professionnels, en apportant une flexibilité propre à un service ou un département. Cette solution ne fait toutefois pas encore l’unanimité en entreprise. Pour exemple, 79% des salariés franciliens se sont vu refuser de télétravailler durant la phase climatique neigeuse de février 2018.

 

Comment expliquer l’essor du télétravail ?

L’accélération du télétravail peut s’expliquer par l’évolution des contextes économique, environnemental et politique en France. D’un point de vue économique, les entreprises cherchent à réduire le coût de l’immobilier en limitant la surface des bureaux. De plus en plus d’aménagements de type flex-office, qui proposent un nombre de postes inférieur au nombre de collaborateurs, sont mis en place. Le télétravail permet ainsi de réguler le nombre d’occupants sur site et d’optimiser le taux d’occupation des bureaux.

Côté environnement, l’attrait écologique des déplacements limités constitue un argument de poids en faveur des télétravailleurs. Argument largement soutenu par l’amélioration des technologies de l’information et de la communication, telles que l’Internet haut débit, les outils collaboratifs, les visioconférences, ou encore les écouteurs anti-bruit qui permettent aux professionnels d’être aussi productifs en dedans ou en dehors des bureaux.

Finalement, le télétravail bénéficie d’un contexte légal poussé par l’Etat qui souhaite rattraper le retard du pays en la matière. Des textes réglementaires visant à sécuriser la pratique du télétravail et à l’encadrer ont ainsi été poussés par l’ordonnances Macron depuis septembre 2017.

 

Ordonnance Macron : quels impacts sur le télétravail ?

L’ordonnance Macron a assoupli le régime juridique du télétravail, désormais définit dans l’article L.1222-9 du Code du Travail comme «toute forme d’organisation du travail dans laquelle un travail qui aurait également pu être exécuté dans les locaux de l’employeur est effectué par un salarié hors de ces locaux, de façon volontaire, en utilisant les technologies de l’information et de la communication».

Ainsi, depuis l’ordonnance Macron, le télétravail peut être régulier mais également occasionnel. Quelle que soit sa fréquence, le télétravail est soumis à la même réglementation. L’employeur a le choix de passer soit par un accord collectif ou une charte, soit par un accord individuel. Lorsque le télétravail est mis en place par accord collectif ou par une charte, la loi n’impose pas la conclusion d’un avenant. Il est néanmoins important de détailler et d’encadrer les conditions de mise en oeuvre et de recueillir le consentement du salarié.

L’ordonnance Macron s’intéresse aussi au télétravailleur en soi, qui bénéficie aujourd’hui des mêmes droits que le salarié qui exécute son travail dans les locaux de l’entreprise. Par ailleurs, un employeur refusant d’accorder le télétravail à un collaborateur éligible à ce mode d’organisation doit maintenant justifier sa décision. Finalement, l’ordonnance du 22 septembre 2017 a simplifié les règles de preuve en matière d’accident du travail. Désormais, en cas d’incident durant une mission télétravaillée, les collaborateurs bénéficient d’une présomption d’accident du travail.

 

L’Etat soutient donc clairement le recours à cette organisation du travail. Mais si le télétravail est une aspiration pour de nombreux français, et notamment pour la génération Millennials, il reste à prouver que les nouvelles dispositions issues de cette ordonnance soient suffisantes pour qu’il soit pleinement adopté.