Ces deux termes ont « buzzé » en début d’année 2019, au gré de témoignages intrigants. Mais entre l’hyperacousie et la misophonie, il y a une grande différence. La première est une véritable affection physique, médicale. L’autre se trouve du côté de la psychologie. Elles se rejoignent pourtant sur un point : la gêne qu’elles entraînent.
L’hyperacousie : un symptôme physique
Comme nous l’avons vu précédemment, l’ouïe est un sens complexe et fragile. Le capital auditif de chacun peut être mis à mal à de nombreuses reprises au cours de la vie, en raison de la destruction de cellules qui ne se renouvellent pas.
L’hyperacousie intervient lorsque l’oreille interne ne peut plus effectuer correctement sa liaison jusqu’au cerveau. Les sons les plus courants – clics sur un clavier, musique, chasse d’eau, talons, etc. – deviennent insupportables. Ils semblent amplifiés (mais ne le sont pas dans les faits) et créent un véritable bouleversement intérieur. Les personnes touchées par l’autisme (lien interview Jennifer) sont ainsi nombreuses à ressentir ce symptôme au quotidien.
Mais il peut concerner chaque personne quand il est la conséquence d’un traumatisme auditif. Qu’il s’agisse de musique écoutée à un volume trop important avec un casque, d’un concert ou de bruits forts répétés, notamment dans le cadre professionnel, dans tous les cas : le système auditif a subi une agression. Celle-ci se traduit au départ par des acouphènes* continus ou ponctuels. Et, dans 60 % des cas, les acouphènes sont suivis d’hyperacousie selon une étude de l’IMERTA à Marseille (Institut méditerranéen de recherche et de traitement des acouphènes) parue en 2014.
Les sons du quotidien deviennent alors insupportables ou, plus exactement, le seuil de tolérance baisse. L’hyperacousie peut même entraîner une douleur vive. Il ne s’agit donc pas d’une simple gêne ou d’un agacement, mais d’un symptôme physique difficile à vivre.
Soigner l’hyperacousie demande avant tout de consulter un ORL qui va rééduquer l’oreille grâce, entre autres, à l’écoute de bruits blancs. En effet, il ne sert à rien de vouloir stopper tous les sons : cela déshabituerait entièrement le système auditif qui deviendrait alors de plus en plus intolérant. Au contraire, le ramener peu à peu vers une écoute normale peut suffire à rendre leur équilibre aux oreilles.
* les acouphènes ne résultent pas forcément du bruit. Ils peuvent être consécutifs à une maladie (otite, hypertension, maladie de Menière, etc.) ou encore à un bouchon de cérumen. Dans tous les cas, il est indispensable de consulter.
La misophonie : un trouble psychologique
La misophonie (la « haine du son ») n’a quant à elle pas grand chose à voir avec l’hyperacousie. Certes, il s’agit aussi des bruits du quotidien mais ce n’est pas l’oreille qui est en cause. Ici, la perception du cerveau est troublée, ce qui s’ajoute à une sensibilité personnelle (parfois partagée par un grand nombre de personnes) créant la gêne, l’agacement. Cela résulte donc d’un léger trouble psychologique entraînant une hypersensibilité à des bruits normaux.
Une personne qui mâche bruyamment (ou les bruits de bouche en général), quelqu’un qui joue avec un crayon en le faisant claquer sur la table, ou d’autres bruits encore plus terre-à-terre sont les ennemis des misophones. Mais que l’on ne s’y trompe pas, la misophonie est aussi une souffrance dans certains cas, voire un handicap social.
Néanmoins, à l’inverse de l’hyperacousie qui est un symptôme physique issu d’un trouble du système auditif, la misophonie est semblable à une phobie. Il est donc, en principe, plus simple de la soigner, notamment grâce à des thérapies qui agissent sur le ressenti en général et la cause de cette peur.
Quelles solutions pour l’hyperacousie et la misophonie ?
Outre le traitement par un ORL pour l’hyperacousie et une éventuelle thérapie quand la misophonie entraîne un malaise, il est possible de trouver soi-même des solutions pour limiter la gêne causée par le bruit.
Dans les deux cas, il est inutile, voire contre-productif, de supprimer totalement le bruit. Une personne souffrant d’hyperacousie devant se réhabituer peu à peu aux bruits normaux et celle touchée par la misophonie à trouver des explications à son malaise en se coupant de moins en moins de ces sons qui l’insupportent. Au contraire, il peut être pertinent de les nuancer soi-même jusqu’à trouver le bon volume et à se ré-acclimater petit à petit à un environnement sonore normal. Et cela, notamment grâce à une innovation telle que des écouteurs qui offrent une modulation de la réduction du bruit, tout en laissant la possibilité de communiquer.
Enfin, dernière précision : divers cas récents nous ont prouvé que le bruit pouvait être différemment perçu selon les personnes, en particulier à la campagne. En tête de liste : le coq qui chante trop tôt le matin ou les clochers de l’église. Ces histoires qui prêtent à sourire ne sont ni dues – d’après ce que l’on en sait – à une hyperacousie ou à une misophonie mais à une gêne (comme celle d’être réveillé trop tôt) qui ne se règle ni avec une thérapie, ni avec du bruit blanc malheureusement. Mais pourquoi pas avec des écouteurs …