Écouter, entendre, les sons qui passent, les paroles, le murmure ou le chuchotement. Dans son champ lexical, l’ouïe est déjà d’une richesse fascinante. Dans les faits et dans son fonctionnement, elle l’est aussi, au même titre que la vue. L’oreille et ses tourbillons ressemblent à un instrument à vent, ou plutôt à une machinerie. Comment un son parvient-il à l’oreille et jusqu’au cerveau, lequel le traduit pour son propriétaire ? Pourquoi certaines fréquences entraînent-elles une gêne ? Comment diminuer les effets nocifs du bruit ?

 

L’ouïe : la perception des sons

L’ouïe nous permet de percevoir les sons, c’est-à-dire les ondes sonores qui parviennent jusqu’à l’oreille. Elles sont ensuite décryptées par l’oreille interne via le nerf cochléaire (une partie du nerf auditif) qui les transmet à son tour au cerveau au travers d’impulsions électriques.

L’oreille est ainsi composée de trois parties[1] :

l’oreille externe, comprenant le pavillon, la partie visible de l’oreille, et le conduit auditif qui va jusqu’au tympan, qui est une membrane très fine et fibreuse.

L’oreille moyenne, qui contient les trois petits os bien connus : le marteau, l’enclume et l’étrier. Les vibrations issues des ondes sonores parviennent d’abord au tympan puis à ces osselets.

• Et enfin, l’oreille interne, qui contient la cochlée, un petit organe en forme d’escargot. Cette partie est recouverte de cellules ciliées* (environ 16 000 par oreille). Ces cellules vont capter les vibrations issues des ondes sonores et les transformer en impulsion électrique pour transmettre l’information au cerveau via le nerf auditif.

*Les cellules ciliées abîmées ne se régénèrent pas et ne sont pas renouvelées. C’est pour cette raison que l’audition d’une personne baisse en raison de l’âge et, plus précocement, parce que son capital auditif a été détérioré par des volumes trop élevés.

 

Jouer avec l’ouïe : le son binaural et l’ASMR

Aujourd’hui, il est possible de se jouer du fonctionnement de l’oreille dans son ensemble et, comme avec la vue, de modifier le décryptage du cerveau. C’est ainsi qu’a été mis au point, par des ingénieurs du son, le son binaural (ou son 3D pour faire le parallèle avec la vue). L’exemple le plus connu, et qui a popularisé ce procédé, est le « son du coiffeur » que l’on trouve partout, et dans différentes versions sur YouTube. En mettant un casque sur vos oreilles, et en fermant les yeux, vous avez la sensation d’être dans un salon de coiffure, mais pas seulement. Dans votre esprit, grâce au son « spatialisé », vous êtes littéralement sous les coups de ciseaux du coiffeur.

La sensation est à la fois agréable et effrayante, tant l’impression d’y être est forte. Vous ressentez tous les mouvements faits autour de vous, la distance du coiffeur et celle de ses outils… En résumé, il s’agit d’une forme de réalité augmentée mais seulement sonore.

Internet est, d’une manière générale, un formidable terrain pour le son. Les podcasts, très à la mode actuellement, le montrent particulièrement. Le son devient alors intime, à travers un casque ou des écouteurs, même si l’on partage ses podcasts. L’immersion sonore, avec l’imagination et l’émotion qu’elle génère, offre une multitude de possibilités.

En parallèle, la tendance de l’ASMR qui consiste à mettre en scène des sons quotidiens – claquer les bulles du papier de protection, passer un fil sur une toile, gratter quelque chose, murmurer, etc. – crée une sensation de frissons agréables au niveau du cuir chevelu, des cervicales. Cette méthode – dont les effets sont propres à chacun et ne touchent pas tout le monde – semble envoyer au cerveau des ondes sonores si agréables qu’elles relaxent les auditeurs/internautes.

 

Jusqu’aux sons insupportables et à l’hyperacousie

Des ongles longs qui crissent sur un tableau noir, une fourchette ou un couteau qui ripent malencontreusement sur une assiette ; la liste est encore longue des sons qui agacent, perturbent ou peuvent rendre fous.

Une étude de la Newcastle University, parue dans The Journal of Neuroscience en 2012[2], expliquait que ces sons stimulent l’amygdale, la partie du cerveau dédiée aux émotions. Ce qui tend à prouver que ce n’est pas seulement le fonctionnement de l’oreille et le nerf auditif qui ont un rôle dans le décryptage, mais aussi la partie la moins rationnelle du cerveau. Pour autant, c’est bien la fréquence des sons qui produit une première réaction positive ou négative. Ce sont ainsi les sons compris entre 2000 et 5000 Hz qui seraient les plus insupportables.

Pour les personnes souffrant d’hyperacousie, soit l’amplification des sons, le seuil de l’insupportable est ainsi beaucoup plus bas. Cela concerne des bruits quotidiens qui ne gênent absolument pas les autres. Cette affection de l’audition proviendrait de différents facteurs : une réponse à un stress post-traumatique, à un traumatisme auditif, voire même au vieillissement ou à la prise de certains médicaments. L’autisme est aussi un des facteurs ou, plus exactement, l’hyperacousie peut en être un symptôme.

Dans la vie quotidienne, au travail, dans ses loisirs, l’ouïe est constamment sollicitée par sons, par des bruits plus ou moins intenses, plus ou moins agréables. Si l’on peut fermer ses yeux naturellement pour ne pas voir ce qui nous dérange, pour les oreilles, il est nécessaire de trouver des astuces. Et cela, sans pour autant se couper du monde.

Grâce à une innovation telle que les écouteurs Tilde®, il est désormais possible de réduire le bruit au niveau que l’on souhaite, tout en pouvant suivre une conversation en face à face.

[1] Source : INPES – Rapport 2008
[2] Source : Santé Blog, le blog des professionnels de santé