Bien que le système de santé s’intéresse de plus en plus au bien-être des employés, la santé auditive est parfois un sujet délaissé, si ce n’est incompris. Afin de remettre ces enjeux au centre des stratégies d’entreprise, l’association JNA organise la Semaine de la Santé Auditive au Travail, un mouvement de sensibilisation à destination des acteurs de la santé, de la prévention et de la SST, mais aussi des pouvoirs publics et dirigeants.

 

Santé auditive au travail : quelles conséquences de l’exposition au bruit  ?

La semaine de la santé auditive au travail a pour objectif de remettre au centre du débat la question de la perte d’audition et des risques psychosociaux, en positionnant le bruit au travail comme un enjeu à ne pas sous-estimer. Ce débat concerne tous types d’emplois, dans l’industrie comme dans le tertiaire.

Un accélérateur de vieillissement de l’oreille

Le constat réalisé par la JNA est simple : si la presbyacousie (l’usure naturelle de l’oreille dû au vieillissement) est la principale cause de surdité, le bruit au travail en est un accélérateur. Le bruit est effectivement devenu un réel enjeu de la santé auditive dans l’espace de travail, dont les conséquences ne sont pas négligeables :

  • Le vieillissement auditif au sein de l’entreprise. Près de 40% des professionnels font part de difficultés de compréhension des conversations « dans un univers bruyant » et 80% souffre de problèmes auditifs récurrents.
  • L’apparition d’acouphènes. Selon l’association, ces derniers “affectent un grand nombre d’actifs au travail, déséquilibrent l’état de santé et modifie la qualité de vie sociale.”
  • L’accélération de la presbyacousie. Elle affecte la majorité de la population après 55 ans. Avec la non mise en place de solutions adaptées, il se pourrait que les nouveaux actifs en souffrent dès leurs 50 ans !

La JNA veut sensibiliser les pouvoirs publics et les entreprises

Si la santé auditive au travail est un facteur clé de performance, il s’agit encore de le faire entendre aux entreprises. Afin de débloquer cette situation, le rapport « Santé au travail : vers un système simplifié pour une prévention renforcée » a été remis au Premier Ministre.  Malheureusement, les fonds mis à disposition des PME dans le cadre de cette action n’ont pas vocation à financer les problèmes liés au bruit.

La JNA relève l’importance de la prise en compte de ces facteurs stratégiques par le gouvernement. Pour l’association, cela ne sera possible que par une prise de conscience des conséquences du bruit sur la santé des professionnels, et par une simplification des réglementations de plus en plus complexes, qui font aujourd’hui de la gestion du bruit une contrainte pour l’employeur.

Bruit au travail : qu’en est-il des risques psychosociaux ?

La JNA souligne qu’au-delà des problèmes d’audition, le bruit augmente les risques psychosociaux et peut engendrer du stress, de l’anxiété, voire de l’agressivité au travail.

Quelles sont les répercussions du bruit sur les professionnels ?

Près de six actifs en poste sur dix (59%) déclarent être gênés « à cause du bruit et des nuisances sonores » sur leur lieu de travail, une proportion en hausse de 7 points en un an, selon une enquête Ifop dévoilée jeudi. Par ailleurs, plus de huit actifs sur dix (83%) considère que le bruit est susceptible d’avoir des répercussions sur leur comportement : fatigue, nervosité, agressivité et lassitude.

Coté productivité, 72% évoque des conséquences sur la « qualité » de leur travail, en particulier sur la rapidité à exécuter les tâches et la possibilité de se concentrer facilement. Rappelons qu’un actif en poste de travail perd chaque jour plus de 30 minutes de travail à cause de la gêne occasionnée par le bruit (ifop 2016).

Encore trop peu de solutions apportées par l’employeur

Les professionnels qui font la démarche de signaler cette gêne s’adressent principalement à leur hiérarchie directe (37%), à leur employeur (27%) et à la médecine du travail (23%).

Face à cette gêne sonore, peu d’employeurs proposent pourtant des solutions. Seulement 28% mettent à disposition des dispositifs de protection individuelle à l’instar des écouteurs anti-bruit Tilde®, 23% créent des espaces pour s’isoler du bruit, quand 22% réaménagent l’existant.